S’expatrier signifie découvrir un nouveau système de santé et des pratiques de soins locales souvent différentes de celles du pays d’origine. La médecine traditionnelle est largement répandue dans le monde, 170 États déclarant l’utiliser selon l’OMS. Parfois appelée "médecine douce" ou "médecine alternative" par opposition à la médecine conventionnelle occidentale, la médecine traditionnelle englobe les pratiques propres à différentes cultures et visant à maintenir la santé et à traiter les maladies physiques et mentales. Parmi elles, on retrouve l’acupuncture, la médecine chinoise, la phytothérapie ou encore l’ayurveda. Quelle place occupe la médecine traditionnelle dans les soins de santé à l’étranger ? Peut-on y recourir en toute sécurité en tant qu’expatrié ? Décryptage dans cet article.
Derrière le terme « médecine traditionnelle » se cachent des pratiques de soin locales diverses et propres à chaque région du monde. Voici quelques-unes des plus répandues.
Médecine ancestrale vieille de plusieurs millénaires, la médecine traditionnelle chinoise considère que le corps, l’esprit et l’environnement sont étroitement liés. Son approche holistique englobe plusieurs disciplines : l’acupuncture, la moxibustion, la pharmacopée chinoise ou encore les pratiques énergétiques comme le Qi Gong et le Tai Chi Chuan.
En Chine, la MTC coexiste avec la médecine occidentale dans le système public. Les praticiens suivent souvent une formation universitaire dédiée et des hôpitaux spécialisés en MTC existent.
L’ayurveda est une médecine plusieurs fois millénaire originaire d’Inde. Elle adopte, elle aussi, une approche holistique, en considérant que les problèmes de santé résultent d’un déséquilibre de l’énergie de la force vitale (prana). L’ayurveda considère que l’équilibre des doshas (énergies fondamentales) assure la santé.
En pratique, l’ayurveda repose sur l’utilisation d’herbes, les massages et le suivi d’un régime alimentaire adapté à chaque individu. De nombreux hôpitaux ayurvédiques soignent les patients en Inde.
Au Brésil, les médecines traditionnelles sont pratiquées par des « curandeiros », guérisseurs ou chamans, généralement issus des peuples autochtones. Ces pratiques traditionnelles mêlent plantes et spiritualité et priment sur la médecine occidentale dans des zones isolées comme le parc indigène du Xingu en Amazonie.
Autre exemple : religion afro-brésilienne, le Candomblé est pratiqué au Brésil et dans des pays voisins. La spiritualité se mêle à la médecine dans des cérémonies de guérison combinant danses, chants, offrandes aux Orixás et autres pratiques.
En Afrique, les médecines traditionnelles ont recours aux plantes médicinales pour soigner les patients. On estime que 80 % de la population africaine a régulièrement recours à ces pratiques traditionnelles. Un tel succès s’explique par l’acceptation culturelle de ces pratiques, ainsi que par leur accessibilité dans des régions où les médecins conventionnels et les hôpitaux sont encore trop peu présents.
Dans certains pays, les médecines traditionnelles bénéficient d’une reconnaissance légale.
C’est le cas de la médecine traditionnelle chinoise, où les futurs praticiens peuvent suivre une formation universitaire dédiée et obtenir un diplôme. En Chine, la MTC et la médecine conventionnelle coexistent et se complètent. Les expatriés qui vivent en Chine et se rendent dans un hôpital peuvent s’attendre, outre à passer des échographies, des scanners et des IRM, à ce que le médecin regarde leur teint, la couleur de leur langue et leur pose une série de questions précises.
En Inde, l’ayurveda est intégré au système de santé public par le biais du ministère Ayush. Cette médecine traditionnelle est largement pratiquée dans tout le pays et des hôpitaux dédiés accueillent patients indiens et étrangers installés en Inde.
Nous l’avons vu, en Afrique environ 80 % de la population a recours à la médecine traditionnelle. Cette dernière est moins coûteuse, plus accessible et mieux perçue par la population locale. Si les deux médecines ont longtemps été séparées, un nombre croissant de mesures est pris pour intégrer la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé nationaux.
Si les expatriés ont en majorité tendance à avoir recours à la médecine conventionnelle, certains sont également à la recherche de solutions plus douces et/ou naturelles à leurs problèmes de santé.
Voici nos conseils pour faire appel aux médecines traditionnelles en toute sécurité :
- Adopter un point de vue nuancé : il convient ni de rejeter d’emblée une pratique par méconnaissance ni de l’adopter aveuglément.
- Se renseigner sur les risques : naturel ne veut pas dire sans risques. Renseignez-vous sur les effets secondaires et les interactions avec les traitements modernes.
- Penser complémentarité : les médecines alternatives ne doivent pas viser à remplacer les traitements conventionnels, mais à les compléter et à améliorer votre bien-être.
- Vérifier si les praticiens sont accrédités/reconnus : vous pouvez en outre obtenir des recommandations de la part de locaux de confiance ou d'autres expatriés.
- Regarder si votre assurance santé prend en charge certains traitements traditionnels : cela peut être par exemple le cas de l’acupuncture.
Loin d’être un élément du folklore local, la médecine traditionnelle s’intègre encore aujourd’hui dans de nombreux systèmes de soins à travers le monde. Pour les expatriés, c’est une richesse culturelle, mais aussi un sujet à aborder avec curiosité, respect… et discernement.
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